“Il est presque impossible de trouver un bon thé taïwanais en dehors de Taïwan. Les meilleurs producteurs de thé à Taïwan, c'est un peu comme les coins à champignons pour les Français : ça ne se partage pas. Ces trésors sont jalousement gardés, transmis de génération en génération comme un héritage précieux.”
Ayant grandi à Taïwan, le thé oolong faisait partie de ma vie quotidienne. Pourtant, ce n'est qu'en quittant l'île et en m'installant à l'étranger que j'ai commencé à apprécier vraiment l'unicité du thé taïwanais. Dans chaque tasse de thé, je retrouve un lien avec ma terre natale, lointaine de plusieurs milliers de kilomètres.
Ces feuilles de thé, qui viennent de la même ferme perchée sur une montagne de l'île Formosa, ont absorbé la lumière du soleil, la brume et la pluie pendant des mois. Les agriculteurs les ont soigneusement entretenues jour après jour jusqu'à la saison des récoltes. Pendant cette période, les grands-mères taïwanaises, dont l'âge moyen avoisine les 70 ans, envahissent les fermes avec leurs paniers en bambou et leurs chapeaux colorés. Je les imagine chantant en taïwanais ou en hakka tout en cueillant les feuilles, sous la chaleur intense du soleil, sur des terrains escarpés, avec une rapidité et une précision étonnantes, comme elles le font depuis plus de cinquante ans.
Après une longue journée de récolte, les feuilles de thé passent entre les mains des maîtres du thé. Ces artisans n'ont pas d'école pour apprendre leur métier ; ils suivent simplement les pas de leurs pères et grands-pères, transmettant ainsi leur savoir-faire de génération en génération. Chaque décision prise après la cueillette – l'exposition au soleil, le séchage à l'ombre, la torréfaction, le massage – influence la saveur du thé. Chaque étape est une vision soigneusement pensée par les fabricants de thé. Leur objectif est de révéler l'essence de cette variété d'arbre à thé, le terroir de cette montagne et leur savoir-faire ancestral. Ils travaillent sans relâche, pendant 36 heures consécutives, dès que les feuilles arrivent dans leur manufacture.
Je bois du thé pour me reconnecter avec ma patrie. Dans les saveurs du thé, je cherche les indices qui me relient aux raisons profondes de mon attachement : une saison spécifique, une variété particulière de théier... Si je peux établir une connexion avec ces feuilles dans ma tasse, je peux me lier à la montagne lointaine et vivre la vie de la feuille.
Si vous êtes curieux de découvrir le thé le plus rare et le plus complexe au monde, vous devez essayer le oolong taïwanais. Il est extrêmement difficile de trouver un bon thé taïwanais en dehors de Taïwan. Comme certains des meilleurs vins de Bourgogne qui ne quittent jamais leur village de production, les thés taïwanais de qualité supérieure sont jalousement gardés sur l'île. Ayant bu du bon thé toute ma vie et étant formé à la dégustation professionnelle de vin (WSET), je visite de nombreux producteurs de thé et goûte leurs produits avec une attention particulière. Je cherche à découvrir des thés durables au goût inoubliable. Je vous présente les trouvailles les plus rares et les meilleures de Taïwan.
Chen Yun Hsien, fondatrice de Taiwan Chayun